Rencontre : les fondatrices de Belleville Editions

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Rencontre : les fondatrices de Belleville Editions
12/08/2018 My Book Box
Interviews

Au mois d’Août, My Book Box “Le choeur des femmes” a réservé une belle surprise à ses abonnés : le premier livre de la sélection, “Aux femmes” d’Hamdi Al-Gazzar, a été publié en poche rien que pour eux ! C’est donc un vrai bonheur pour nous de pouvoir vous faire découvrir ce titre et, au-delà, le formidable travail de la maison d’édition Belleville Editions, fondée par deux géniales littéraires globe-trotteuses, bien décidées à faire découvrir aux Français le meilleur de la littérature ! Et comme elles sont vraiment merveilleuses, elles ont en plus accepté de répondre à nos questions !

Belleville - éditions

MBB : Pouvez-vous raconter en quelques mots le parcours de chacune d’entre vous ? À quel moment avez-vous eu l’envie de poursuivre votre route professionnelle ensemble  ? 
Dorothy : des études de lettres, un premier poste dans l’édition, puis les pieds qui démangent et un grand voyage en sac à dos, parfois posé quelques mois dans une librairie française à Istanbul ou à Bucarest. Au retour, Belleville, de l’édition en freelance, et au moins un grand voyage chaque année !
Marie : des études à Sciences Po Bordeaux, des étés entre librairies et MacDo pour rester occupée et financer le tout, un premier stage chez Flammarion puis plusieurs expériences d’éditrice : jeunesse, poche, numérique… Enfin, l’envie et le besoin de mettre en pratique la diversité des expériences emmagasinées : ce sera Belleville avec Dorothy !
Pourquoi et comment est née cette idée folle de créer une maison d’édition ? Pourquoi ce nom de Belleville éditions ? 
Nous étions ivres. Plus sérieusement, à force de discussions, d’échanges sur notre vision de la littérature, de l’objet-livre, des possibilités du numérique, et du besoin de lire autre chose, de découvrir de nouvelles cultures par la lecture – et aussi de quelques bières, il faut bien l’avouer – nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure.
Nous avons profité du voyage de Dorothy pour trouver nos premiers auteurs. Des voix que l’on entend moins, des pays moins traduits sur la scène littéraire. Nous voulions également des textes engagés auprès du peuple et des minorités, des romans populaires teintés d’authenticité et d’humanité.
Belleville est un quartier populaire dans lequel nous vivons toutes les deux. C’est un carrefour de cultures, plusieurs communautés y cohabitent en harmonie. Cela nous semblait refléter parfaitement ce que nous souhaitions proposer aux lecteurs.
Itw Hamdi Al-Gazzar
Pourquoi ce choix de ne publier que de la littérature traduite ? De façon plus générale quelle est votre ligne éditoriale ?
Notre choix se porte avant tout sur des textes qui ouvrent une fenêtre sur le monde. Il se trouve que nous n’avons pas d’auteur francophone au catalogue, mais cela pourrait arriver si le roman évolue dans un décor qui nous intéresse. Il existe d’excellents éditeurs de roman français, il n’y a donc pas besoin de nous. Il existe aussi de très bons éditeurs de littérature étrangère également, mais nous essayons d’apporter quelque chose de différent, hors des sentiers battus.
Votre catalogue met en avant des auteurs contemporains : quelles relations entretenez-vous avec eux ? 
Nous entretenons généralement des relations très privilégiées avec nos auteurs. Parfois, nous les avons rencontrés bien avant la sortie de leur livre en France. Ils nous ont accueillies dans leur ville, nous l’ont fait visiter. C’est très important pour nous : l’humain est au centre de notre démarche.
Comment dénichez-vous toutes ces perles qui constituent votre catalogue ? 
En librairie à l’étranger, dans le bureau d’un éditeur ou d’un agent au bout du monde, sur des foires aux livres en Orient, en Amérique latine, en Iran… Le scénario n’est jamais le même, et c’est ça toute la beauté de Belleville. Elle nous fait vivre des moments imprévisibles très précieux.
Ce qui nous a séduits aussi, à My Book Box, en plus de la qualité de vos ouvrages bien sûr, c’est la transversalité que vous proposez au-delà de vos livres par le biais des notes de bas de page connectées – qui rejoignent l’idée d’ouverture que nous nous faisons de la littérature. Pourquoi cette idée ?
Déjà car nous pensons que le numérique et le livre ne sont pas des ennemis. Ils sont complémentaires sauf qu’il manque de solutions pour le prouver. Mais surtout car nous souhaitions montrer que la littérature étrangère est accessible à tous. Vous pensiez que la Moldavie était le pays imaginaire dans Tintin ? Nous donnons les clés pour comprendre le texte grâce à nos notes de bas de page connectées. Articles de journalistes ou de blogueurs locaux, galeries photo, playlists, reportages… Nous essayons de rassembler un maximum de contenus à la fois instructifs et ludiques (qui ne sont jamais indispensables à la lecture du texte et sa compréhension, c’est important de le préciser) pour mettre nos textes à la portée de tous.
Quels sont vos projets (publications, évolutions…) ?
Un magnifique roman arménien pour la rentrée, au cœur de l’actualité (et on n’a même pas fait exprès !) qui aborde notamment la question de la corruption, mais aussi de l’homosexualité. Un Jules et Jim version road trip rock’n’roll ! Et d’autres autrices féministes pour 2019 : Colombie, Iran et même Italie !
Pourriez-vous nous donner le nom de quelques auteurs et/ou livres ayant influencé votre vie de lectrice et d’éditrice ?
Vaste question…
Vie de lectrices : Kessel, Vian, Fernando Pessoa, Colette, Romain Gary, Kafka, Kundera, Cormac McCarthy, Mario Vargas Llosa, Dino Buzzati…
Vie d’éditrice : Zoya Pirzad, Hubert Haddad, Jabbour Douaihy, Virginie Despentes, Abdellah Tahia…

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